[Semaine 02] Devant la grande bibliothèque (libre)[fini]

[Allez, je me lance ^^']

Comment a-t-elle fini ici, assise devant la grande bibliothèque, entre toute cette paperasse?
Ah oui, la réponse sont deux simples mots: inscription universitaire.
La journée avait pourtant bien commencé. Ce matin, elle avait été accueillie par un magnifique ciel bleu et un temps relativement doux pour la saison. Le printemps semblait pointer timidement le bout de son nez. Son gros manteau d'hiver avait été troqué par une veste plus légère, de couleur sombre toutefois, pour attirer la chaleur. Quant au reste de ses habits: une paire de jeans délavés, des baskets vieux mais confortables et un pull beige un peu trop large pour elle.
Puis elle était allée à l'université pour s'inscrire, et se retrouvait à présent entre ce qu'elle qualifie comme une tonne de papiers à remplir. Elle s'y était mise d'ailleurs. Mais une dizaine de minutes plus tard, tous les papiers administratifs avaient été laissés sur le sol, et l'attention de la jeune fille s'était centrée sur un petit carnet en cuir relié. Sur les pages qui lui font face, on peut voir quelques mots et croquis.

*Onze minutes, je suis impressionné*
"Mizu, si je voulais ton avis je te le demanderais"

Elle murmure sa réponse. Sans aucun doute, un spectateur étranger qualifierait ces mots de secs. Ça fait pourtant longtemps que Mizu connaît Sohma, et il ne se laisse pas tromper. Sohma continue à regarder son petit livret, sans rajouter quoi que ce soit.

*Tu ne comptes pas t'y mettre, n'est-ce pas?*
"J'ai toute la journée pour ça."
*Ouh, ce discours me semble connu de quelque part*
"Mizu"

La voix vient toujours aussi basse, de façon à ce que son Esprit seul puisse l'entendre. Le dernière mot vient pourtant dans une sorte d'avertissement. L'Esprit n'en tient pas compte. Sohma ferme le livre qu'elle tient entre les mains. Sur la couverture baie on peut voir un S joliment gravé. Ses yeux s'attardent sur cette couverture, alors que d'un doigt elle effleure la lettre.

*Ça me rappelle vraiment quelque chose, je veux dire...*
"Mizu"
*Ah oui, c'est cette fois quand...*
"Imbécile!"

Trop tard. Le cri, ainsi que le cahier lui ont échappé. Elle balance ce dernier vers Mizu, qui s'était mis un peu derrière elle. Bien évidemment, le cahier passe à travers celui-ci sans le toucher. Quant au reste de sa trajectoire, Sohma ne la suit plus. Gênée, elle se tourne avec vivacité vers ses papiers, tournant le dos à l'endroit de sa probable chute.

Azel était en pose, la boutique à midi était vide, il avait fermé un peu avant l'heure. Aujourd'hui l'envie lui avait pris d'aller faire un tour à la bibliothèque. Qui sait, peut être trouverait t'il de nouvelles plantes dans les anciens livres de cette bibliothèque. Il était donc entré dans ce lieux de silence, avait religieusement enlevé son chapeau c'était directement dirigé vers le rayon des plantes.
En regardant les livres il en trouva quelques uns qui pourraient contenir des plantes dont il ignorait l'existence. Il commencerait d'abord par ceux la, et puis les jours suivant il reviendrait regarder les autres.
Retirant 3 livres des étagères il s'avança vers une table pour s'installer et lire tranquillement.

"Tu penses vraiment trouver ton bonheur dans "Milles et unes plantes d'interieurs"?
-Hum non pas vraiment mais peut être on ne sait jamais.....
-Très bien bon courage alors, je m'en vais dans le monde des esprits, si tu as besoin de moi tu sais ou me trouver
- D'accord pas de soucis, va te dégourdir les ailes"

Lila disparut, lorsqu'Azel était plongé dans ses livres, Lila savait qu'il n'y avait rien à en tirer autant le laisser à ses occupations.
Azel commença donc seul son travail de recherche.

Peu de temps après il entendit un cri, se retourna et vit un livre d'avancer vers lui, il était assez loin, et le livre était sur la courbe descendante, il atterrit donc à ses pieds. Il le ramassa et s'aperçu que le livre était un petit carnet, il le feuilleta et y découvrit des croquis, de toute évidence ce livre n'était pas un livre de la bibliothèque. Azel décida donc de le rendre a son propriétaire et se leva pour se diriger en direction de la provenance du projectile.
La bibliothèque était presque vide et il ne rencontra qu'une jeune femme de toute évidence très occupée. Il lui semblait peu probable que ce fut l'auteur du tir mais comme il n'y avait personne d'autre, il l'interpella.

"Bonjour Mademoiselle, excusez moi de vous déranger, j'ai trouvé ceci
Il lui tendit le carnet
Est ce à vous? "

Elle ferme pratiquement les yeux. Bon, elle va compter jusqu'à vingt, et si aucun bruit ne se manifeste, ce devrait être bon. Ce devrait être signe que son projectile n'a rien heurté. Ou personne.

*onze... douze...*

Mais voilà qu'elle entend quelque chose derrière elle. Quelque chose qui se rapproche: des pas.

*quatorze... faites que ce ne soit pas pour moi... quinze... seize...*

Puis des mots lui sont adressés. Mademoiselle, à ce mot, elle sent sa tête s'enfoncer légèrement dans ses épaules. Aucune erreur possible. C'est à elle qu'on parle. Après tout, la bibliothèque est pratiquement déserte. Qui consentirait à s'enfermer par un temps pareil? Quelqu'un avec un boulet fait de papiers attaché au pied. Et apparemment ce jeune homme, pour autant que la voix qu'elle a entendue soit bien celle d'un homme.
Peut-être un peu piquée de curiosité, elle se retourne. Il s'agit en effet d'un jeune homme relativement grand. Ses cheveux en bataille semblent presque contraster avec sa tenue élégante. Quant à ses yeux, comme à son habitude, elle ne s'y attarde pas très longtemps, mais de ce qu'elle a aperçu, ils lui rappellent la jade.
Elle se relève vivement, faisant voleter quelques papiers dans son mouvement, puis prend le cahier qu'il lui tend et le serre contre elle.

"Ce... il est bien à moi"

Qu'il a trouvé? Avec de la chance, il l'aura vraiment trouvé, sans voir sa provenance. Avec beaucoup de chance, il n'aura pas entendu le cri. Non, il n'avait pas l'air d'avoir pris l'insulte pour lui, sinon il aurait agi autrement n'est-ce pas?

*Tu comptes rester plantée là?*

Combien de temps cela fait-il qu'elle n'a pas vraiment parlé à quelqu'un? Quelques mois déjà, si l'on excepte les rares paroles échangées avec les propriétaires de l'estudiantine qu'elle occupe et l'administration de sa future université. La politesse, les conventions sociales, il ne lui avait fallu que peu de temps pour se déshabituer aux usages sociaux. Il fallait dire qu'avec Mizu elle ne se gênait pas avec tout ça. Se reprenant, elle tend la main droite vers le jeune homme.

"Sohma. Ma table vous sera toujours ouverte"

Quoi? Ces mots sonnent bizarrement à ses propres oreilles. Sans doute étais-ce une de ces phrases qu'elle avait entendue quelque part et qui a décidé de faire irruption maintenant. Pas vraiment dans le contexte le plus vraisemblable. Ou le plus opportun d'ailleurs. Mais s'il y a quelque chose qu'elle sait faire, c'est ne pas laisser paraître les choses. Aussi fait-elle comme si cette présentation était des plus normales. En ignorant de son mieux le fou rire naissant de Mizu qui a repris sa place préférée sur son épaule, elle s'incline légèrement.

"Veuillez excuser les dérangements que je vous ai causés."

Bien que quelque part, elle doit l'avouer, elle n'est pas forcément mécontente de cette pause.

La jeune femme était assez jolie avec ses yeux aussi sombres que ses cheveux, elle semblait aussi plutôt vive et farouche à en croire la manière quelque peu brutale dont elle c'était relevée et lui avait pris le carnet. A moins que ce soit simplement la gêne qui la poussait à agir ainsi.

Après quelques secondes d'hésitations, elle lui tendit la main, et lui adressa une formule de politesse plutôt étrange dans la situation actuelle. Puis la jeune femme lui fit des excuses ce qui étonna Azel. Il prit délicatement la main que lui tendait toujours la demoiselle et au lieu de la lui serrer, lui fit un baise main.

"Enchanté de vous rencontrer Sohma, je me nomme Azel, ne vous inquiétez surtout pas pour le dérangement, c'est un plaisir de vous être utile."

Il aurait voulu rajouter, « faites attention, vous risquez d’abîmer votre livre en le lançant ainsi, et aussi de blesser quelqu’un ». Mais le seul effet que cette phrase aurait pu avoir était de froisser la demoiselle en la faisant passer pour une sorte d’irresponsable. Il s’abstint donc de lui faire la moindre remarque.

Secouer la main, n'est-ce pas ce qu'on fait lorsqu'on rencontre quelqu'un pour la première fois? Un contact simple, et ça s'arrête là. Mais voilà que le jeune homme prend sa main, et au lieu de la serrer et de la laisser aller, il pose légèrement ses lèvres dessus. Sohma n'a pas vraiment l'habitude du contact physique avec les autres personnes, et encore moins avec celles qui lui sont étrangères. D'ailleurs, pour elle, ces contacts sont quelque chose d'extrêmement rare. Elle sent Mizu qui s'arrête net de rire, sans doute en réponse à sa réaction intérieure. D'ailleurs, celle-ci se transmet aussi dans ses gestes: avant qu'elle n'aie pu se retenir, elle retire sa main non sans une certaine vivacité.
Puis il se présente. Il se nomme Azel. C'est un nom dont Sohma aime plutôt bien la résonance. Mais elle ne s'attarde pas sur cela longtemps, car il y a une suite à ce qu'il dit: c'est un plaisir pour lui de se rendre utile. Elle le regarde à sa façon indirecte.

"Etes-vous sérieux?"

Comme le cri, comme le cahier, la question lui échappe. Elle se mord la joue, pensant avec conviction que certains jours il vaudrait mieux ne pas quitter son lit. Comment prendra-t-il sa question? La question, elle se l'est posée: est-il sérieux, ou est-ce la politesse qui le fait parler de la sorte? Mais elle n'avait pas particulièrement pensé à la poser, ou du moins pas de cette façon si brutale.

*Sohma, la reine des bonnes premières impressions*
*Mizu, tu ne m'aides pas vraiment, là*

Vive, oui décidément cela caractérisait bien Sohma. Oh bien sur il n'y avait pas que ça à dire sur elle, mais c'est ce qui paraissait le plus évident. Peu être Azel aura t'il l'occasion de lui découvrir beaucoup d'autres qualités... En tout cas un autre adjectif lui vint à l'esprit: étonnante. En effet, il n'eut pas le temps de s'excuser pour le baise main qui l'avait troublée, que déjà elle l'interrogeait sur sa sincérité.


Si je suis sérieux.... ma fois oui!
Vous rendre votre livre est la moindre des choses, par ailleurs si vous avez besoin d'autre chose je verrais ce que je peux faire. J'aime aider les jeunes femmes, en tout bien tout honneur cela va ce soit, j'espère que ça ne vous pose pas de problème.

Il allait s’arrêter la lorsqu’il se rappela son geste, son baise main auquel Sohma avait plutôt mal réagit

Quand à mes manières quelque peu anciennes j'espère qu'elles ne vous ont pas offensées. Si c'est le cas je vous pris de m'en excuser, soyez sur cela ne se reproduira pas si vous ne le souhaitez pas.

Azel lui dit qu'il aime aider les jeunes femmes. A ces mots, Sohma ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il aurait fait si elle avait fait partie de la gente masculine. Aurait-il agi différemment alors? Ne lui aurait-il pas rendu son carnet? Cette fois pourtant, la question ne quitte pas ses lèvres sans qu'elle ne le veuille. Peut-être lui posera-t-elle la question après, si jamais elle en a l'occasion.
Puis quand il lui demande si cela peut lui poser problème, elle secoue la tête. Non, bien entendu, cela ne lui pose pas problème. Lequel pourrait-il lui poser? Elle allait le dire oralement, mais elle le voit hésiter, puis ajouter quelque chose sur ses manières qu'il qualifie lui-même d'anciennes. Encore une fois, elle secoue la tête.

"Croyez-moi, aucune offense n'a été faite. C'est juste que je n'ai pas l'habitude d'un tel salut." Elle hésite quelque peu, puis elle ajoute, toujours d'une voix basse pour ne pas déranger les autres lecteurs: "D'ailleurs, si j'avais une demande à vous faire, ce serait de ne pas changer votre façon d'être pour moi"
*Sohma, n'as-tu pas des papiers à faire?*
*Je te l'ai déjà dit, cela peut attendre*

Oui, elle a du temps. Et puis, après tout, cette journée est trop belle pour rester ici enfermée. On ne lui en voudrait pas particulièrement si elle n'amenait les papiers que demain, n'est-ce pas?

*Mon amie, tu as de par trop pris l'habitude du au jour le jour*
*Peut-être*

"J'ignore pour vous, mais je pense que c'est vraiment dommage de laisser ce beau temps passer sans en profiter."

Ne pas changer sa façon d'être pour la demoiselle, voila une chose qui lui plaisait, c'était convenu, la prochaine fois qu'il la verrait il lui referait un baise main. Il lui fit un signe de tête affirmatif. Il faut l'avouer il était un peu rassurer, aussi anciennes soient elles ses manières restaient au goût des femmes de notre époque, la galanterie avait encore de l'espoir.

Le beau temps, oui elle avait raison, malgré l'hiver encore très présent et le froid général, le soleil avait montré son nez.

"Vous avez absolument raison, le soleil ne devrait avoir a se priver d'une aussi belle jeune femme. Quand a en profiter, ma fois je craint de ne pas pouvoir me le permettre. Je suis en pose déjeuné, dans 20 minutes je dois rouvrir ma boutique, je suis fleuriste. D'ailleurs si vous avez quelques minutes passez donc me voir, j'aurais peu être quelques chose qui vous plaira. Et puis une magnifique fleur telle que vous ne pourra qu'embellir mon magasin."

Azel en profite pour lui donner sa carte de visite, en bon commerçant il en a toujours une sur lui.

D'un geste pratiquement machinal, Sohma prend la carte qu'il lui tend. Les petites lettres noires reposent sur la surface très légèrement colorée, sans pour autant attirer son regard.
Vraiment, la façon de parler du jeune homme l'intrigue. De toutes les personnes qu'elle a rencontré, aucune d'entre elles s'exprimaient de la sorte. Elle se retourne, puis en quelques mouvements seulement, elle fait rentrer l'intégralité de ses papiers dans le sac à dos sombre qui ne la quitte que très rarement. Puis elle se retourne vers Azel. Ainsi donc il est fleuriste. Peut-être cette façon de parler est propre à tous ceux qui exerçent ce métier? Qui sait. Ses yeux se posent sur la carte, et elle perçoit dessinée dessus une fleur qu'elle est incapable de nommer. Ses yeux sombres quittent le petit rectangle de papier pour aller vers la manche du jeune homme. Son regard ne montera pas d'avantage quand elle parlera.

"Monsieur Azel, je..."

Elle faillit dire: je ne suis pas sûre de comprendre votre façon de parler, mais je vous souhaite une bonne journée. Mais la jeune ex-voyageuse se rend compte que sa phrase n'est pas ce qui se doit d'être dit. Définitivement, être revenue devra être un exercice intéressant, un autre exercice d'adaptation. Il lui semble incroyable, presque exagéré, la façon dont elle s'est détachée de toutes les coutumes imposées par la société qui l'a vue grandir. Et la revoilà, de nouveau plongée dedans. Elle espère juste que ce ne soit pas une erreur.

*Mizu?*
*Je suis là, Sohma. Toujours*

Futile, mais ces mots la rassurent. Enormément. Puis elle se rend compte de la pause qu'elle a faite. Une ou deux secondes tout au plus, mais une pause néanmoins. Elle se retourne, puis comme pour déguiser cette interruption dans sa parole, comme pour chercher quelque chose à dire, elle prend sa veste et l'enfile. Finalement, elle opte pour sa phrase initale, avec quelques coupures judicieusement placées.

"Je vous souhaite une bonne journée"

Un sourire, puis elle fait demi-tour. Aucune offre de contact cette fois. Puis dans un murmure pratiquement inaudible, elle s'adresse à son Esprit.

"Viens Mizu. Réchauffons-nous au soleil"

Azel ne s'attentait pas à ça, il avait espéré qu'elle dise quelque chose comme:"vous rendre visite oui, pourquoi pas, ce sera avec plaisir". Mais non ce fut juste un "Monsieur Azel, je vous souhaite une bonne journée". Il eu un peu de mal à cacher sa déception mais Sohma ne semblait pas s'en être aperçu ce qui n'était pas plus mal. Que dire après cela, elle venait de mettre un terme définitif à la conversion il n'eu d'autre choix que de lui rendre son salut.

"Je vous souhaite également de passer une bonne journée demoiselle Sohma, j'espère vous revoir bientôt."

Il s'éloigna, retourna à sa table pour récupérer les livres qu'il avait pris et les ranger. Il sortit de la bibliothèque, remis son chapeau et appela son esprit. Lila arriva quelques instants plus tard et ils prirent ensemble le chemin d'une boulangerie pour acheter un sandwich avant d'aller rouvrir la boutique.