Agreable. Le mot de la journée. Tout, tout, était agréable. Le ciel était grisouille, avec quelques trouées ensoleillés, accompagné d'un vent frais pour un été, annonçant, ou pas, la pluie. Les rues, quoique peuplées, semblaient néanmoins calme. Le climat, doux pour cette journée d'été. De nombreuses personnes qui terminaient plus tôt, comme pour profiter de cette journée. Oui, tout, décidément tout, était agréable.
Même l'humeur du jeune comptable, semblait détendue. Il fallait dire, il s'était autorisé un départ du travail prématuré. Il sortait de l'épicerie, des fruits et légumes dans un sac. Son sac chargé, il parcourait les rues, en guise de promenade. Direction, son chez soi. Itinéraire, aléatoire.
Azusa, plus souriante que jamais, se réjouissait de pouvoir discuter avec son ami. Il fallait dire, Mickaël avait autant de conversation qu'une porte de placard. Les seuls mots qu'il prononce, sont généralement pour envoyer quelqu'un sur les roses. Aujourd'hui, il semblait presque normal, si ce n'est, sa voix neutre, grave..
- Azusa :
Et tu as prévu quoi pour ce soir ?- Mickaël :
Je vais faire la cuisine, j'ai une sauce à expérimenter... Ensuite, ça te dit d'aller voir un film ?- Azusa :
Ooooh oui, bonne idée. Ou une pièce de théâtre aussi, j'adore. Mais, tu travailles demain, faut pas rentrer trop tard.- Mickaël :
Ils se débrouilleront sans moi... J'ai suffisamment avancé mon travail pour me permettre une journée de repos... Et puis, j'ai quelques jours à prendre, avec toutes mes heures sup'...- Azusa, taquine :
C'est pas bien de manquer le travail !- Mickaël, souriant légèrement :
Ce ne sera pas pour te déplaire... vu qu'on va passer la journée ensemble...- Azusa, arborant un grand sourire :
En effet !!! Génial !!!Mickaël s'arrêtait, sa gourde-thermo à la main, les yeux fixés vers le haut, l'air méfiant. Azusa faisait de même, sans réellement comprendre. Une gentille mamie arrosait ses pots de fleurs sur un balcon à l'étage. Azusa regardait les yeux de Mickaël, qui avait oté ses lunettes. Ils donnaient devant lui, vers une dame et sa petite fille. Quelque chose bougeait sur le balcon, quelque chose de noir. Une chose vivante, que les deux amis avaient identifié comme un chat. Sur un signe de sa maîtresse, le chat descendait de la balustrade, poussant un pot dans le vide. Tout s'enchainait. Azusa eut à peine le temps de crier, sans grande utilité étant un esprit, qu'un long pic de glace venait taper le pot à quelques dizaines de centimètres au dessus de la fillette, venant du mur, le faisant dévier, avant de fondre instantanément. L'esprit voyait son compagnon dans la même position que tout à l'heure. Fixe, les yeux grands ouverts, comme figés, avec la main dans la gourde, conduisant le filet d'eau le long du mur du bâtiment.
Le sourire d'Azusa retombait. En effet, Mickaël avait fait de la glace en rien de temps. Une chose effrayante pour Azusa, qui fait tout pour temporiser les pouvoirs de son humain. S'il pouvait changer la température de l'eau a cette vitesse, elle savait qu'un jour, il serait dangereux, très dangereux.
Mickaël reprenait sa marche, suivi de l'esprit. Azusa ne pouvait s'empêcher de poser des questions.
- Azusa :
Je te suis toute la journée. Dis-moi, quand as-tu appris à geler l'eau ?- Mickaël :
Il y a bientôt six ans... en cours de chimie...- Azusa :
On ne t'a jamais appris a geler l'eau, j'étais la.- Mickaël :
A une certaine pression atmosphérique, le point de gel peut augmenter... Il suffit de monter la pression suffisamment haute, pour qu'on puisse geler de l'eau a 5°C... comme celle de ma gourde. Dans des conditions extrêmes, il est tout à fait possible de trouver de l'eau à l'état solide... à 100°C... Tu étais dans tes rêves quand mon prof a parlé de "Diagramme de Clapeyron" ou encore de "Point Triple" ?- Azusa :
Je ne m'en souviens plus.- Mickaël :
En d'autres termes, j'ai mis en activité les molécules d'eau autour du filet, afin de faire augmenter la pression localement, et ainsi, le point de gel... C'est pour cela que l'eau a fondu aussitôt... Le temps aurait été un peu plus mauvais... l'eau un peu plus chaude... ou le mur un peu plus poreux, j'aurais été incapable de faire ça à temps...
Quelque peu rassurée, elle continuait de suivre Mickaël, qui s'arrêtait au bout de la rue, juste quelques pas plus loin. L'esprit regardait dans la même direction que lui. Un grand batîment. Azusa remarquait quelque chose de connu, ou plutôt, quelqu'un. Une jeune fille pour être exact. Mickaël, l'avait remarqué, et avant qu'Azusa ne lui fasse une reflexion, il partait en direction du batîment, une pomme à la main.
Il lui semblait nouveau. Le jeune comptable étant doté d'une très bonne mémoire, il était certain ne jamais l'avoir vu ici. Il passait à coté de la jeune fille, pour lire les panneaux. Cela parlait de magie... très étrange. Il était persuadé que les détenteurs d'esprit était rare, et surtout méconnus, pour ne pas dire, clandestins. Mais après tout, très certainement qu'il allait venir y jeter un oeil.
Il prêtait attention à la jeune fille. Il l'avait déjà vu. Quelques secondes plus tard, il se souvenait ou, quand et dans quelles circonstances, dans les moindres détails.
- Mickaël :
Le monde est bien petit...
Sa voix basse émettait une sympathie presque malsaine. Mais venant de lui, la moindre gentillesse pouvait être prise comme malsaine. Mais il était tout de même content de rencontrer une "tête connue". Il ajoutait une question, de politesse (ou tout simplement avait-il envie de le savoir), avant de croquer dans sa pomme.
- Mickaël :
Comment allez-vous ?