La rue commerçante était déserte ... Enfin presque ! Une jeune demoiselle, un gros sac sur le dos, deux autres à la main, la parcourait d’un pas rapide. Sa longue chevelure blonde était trempée. Son pantalon noir, mouillé lui aussi, lui collait à la peau. Le débardeur qu’elle portait sous sa veste ruisselante commençait également à s’imprégner d’eau. C’était Opale. Elle venait à peine de débarquer dans la ville de Syracuse et déjà était-elle perdue. Elle ne savait ni où aller, ni où dormir. Son esprit, Bup, au lieu de se taire, semblait prendre un malin plaisir à faire des commentaires.
Bup – Attention ! Y a une flaque ... Ah ben c’est bête, tu viens de marcher dedans.
Deux secondes plus tard ...
Bup – Encore une flaque ! Eh merde ! Tu pouvais l’éviter celle là ...
*Bup, ferme la, veux-tu … ! lui dit opale en souriant. J’ai déjà les pieds trempés … A quoi bon éviter les flaques ! *
La jeune femme fit quelques pas, marcha dans une nouvelle flaque et s’immobilisa enfin. Son regard se posa sur la façade obscure d’un bar... un bar peu fréquentable sans nul doute mais, était-il vraiment préférable de rester dans la rue ?
Bup, qui devinait les pensées de sa maîtresse, se renfrogna. Il préférait rester sous la pluie, continuer à arpenter les ténèbres en quête d’un abri plus convenable. Mais il savait que la décision d’Opale était déjà prise et qu’il ne parviendrait pas à la faire changer d’avis. Aussi ne fit-il pas le moindre commentaire … Comme il le pressentait, sa maîtresse poussa d’un geste assuré la lourde porte du bâtiment qui lui faisait à présent face. Un flot de lumière se déversa dans la rue … Elle la franchit aussitôt et fut immédiatement saisie par la chaleur suffocante qui régnait dans la salle. Sans prêter le moindre regard aux quidams qui l’entouraient, elle releva une mèche qui lui tombait dans les yeux et s’épongea le visage au moyen d’un mouchoir en papier.
Bup – Jeune biche en chaleur, avis aux amateurs ! psalmodia Bup.
*Ton cas est de plus en plus désespérant… Je ne cherche pas à finir au lit avec quelqu’un*
Bup – Pourquoi ? De cette façon, tu te trouverais un logement facile et gratuit !!! Je suis certain qu’il y en a qui ne diraient pas non, ici …
*Tu n'as pas tout à fait tort !* pensa Opale en s'apercevant que quelques individus la regardaient d'un air insistant.
Bup- Je n'ai jamais tort ! Mais j'ai souvent faim ... Il n'y a pas des bonbons dans le coin ?